Qu'est-ce que une tonalité ? Quelle est la différence entre majeur et mineur ? Comment est construit un accord ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles cet article tentera de répondre avec clarté.
Comprendre la tonalité et la construction des accords
Les bases du système tonal
Définition du système tonal
Le système tonal désigne un ensemble de lois et de règles régissant les relations entre les notes sur la dimension horizontale (la mélodie) et sur la dimension verticale (l'harmonie). C'est un système musical occidental dont l'essor a débuté au XVIIème siècle, et qui est aujourd'hui encore très utilisé dans les musiques actuelles et dans une moindre mesure dans certaines esthétiques de la musique contemporaine comme le minimalisme, le postmodernisme ou encore la « nouvelle simplicité ».
Qu'est-ce qu'une tonalité ?
Une tonalité est un ensemble de notes ordonnées à partir d'une note dite « tonique » et séparées par des intervalles déterminés. Toutes les notes n'ont pas le même poids. Ainsi, la tonique est la plus importante. C'est un pôle d'attraction vers lequel tendent toutes les autres notes. C'est pourquoi elle donne son nom à la tonalité.
Qu'est-ce qu'un degré en musique ?
Une tonalité se compose de sept degrés hiérarchisés — chacun correspondant à une note de la tonalité — et répartis en deux catégories : les degrés « forts » et les degrés « faibles ».
Chaque degré a un nom et une fonction harmonique précise (voir schéma ci-dessous). Les degrés I, IV et V sont dits « forts », car ils permettent d'affirmer la tonalité en établissant un rapport de tension et de détente :
- le degré IV prépare la tension
- le degré V amène la tension
- le degré I résout la tension
Ces trois degrés constituent le socle fondamental du langage tonal.
Quelle est la différence entre tonalité majeure et tonalité mineure ?
La « couleur » d'une tonalité (majeure ou mineure) est définie par les intervalles qui séparent chaque note. Ainsi, une tonalité majeure se différencie d'une tonalité mineure par la répartition des tons et des demi-tons.
Les accords de trois notes
Comment construire un accord ?
Au sein d'une tonalité, chaque note est considérée comme un degré à partir duquel on peut former un accord. Pour cela, il faut procéder par empilement de tierces en sélectionnant une note sur deux parmi les notes disponibles dans la tonalité.
On constate alors qu'un accord de trois notes est formé par :
- une note dite « fondamentale » qui va donner son nom à l'accord
- une tierce majeure ou mineure qui va déterminer la couleur de l'accord (majeur ou mineur)
- une quinte juste
Le cas de l'accord de quinte
L'accord de quinte (aussi appelé accord de puissance ou power chord) est l'un des plus utilisés dans la musique populaire, notamment dans le rock, le punk, le hard rock ou encore le heavy metal. Toutefois, il est un peu à part du fait qu'on le nomme abusivement accord alors qu'il n'en est pas réellement un. En effet, un accord de quinte n'est composé que de deux notes : une fondamentale (parfois doublée à l'octave) et une quinte juste. Or, un accord est un ensemble constitué d'au moins trois notes distinctes.
Par exemple, l'ensemble do mi sol constitue bien un accord, car il contient trois notes distinctes. En revanche, l'ensemble do sol do ne constitue pas un accord, car bien qu'il contienne trois sons, il ne contient pas trois notes distinctes mais seulement deux : do et sol.
Aussi, vaudrait-il mieux parler d'intervalle de quinte pour désigner cet accord. Cependant, cette appellation est tellement répandue dans le langage courant qu'il est difficile de l'éviter.
Les accords de quatre notes et plus
Comment enrichir un accord ?
Enrichir un accord signifie lui ajouter des notes supplémentaires. Pour cela, on continue d'empiler des tierces comme dans l'exemple ci-dessous :
Évidemment, il serait aussi possible d'enrichir l'accord avec une septième majeure, une neuvième mineure, une onzième augmentée ou une treizième mineure. L'usage des septièmes et des neuvièmes est très courant dans l'harmonie tonale ; celui des onzièmes et des treizièmes sera essentiellement présent dans le jazz.
Toutefois, les possibilités ne s'arrêtent pas là, car ils existent d'autres d'enrichissements qui très employés pour donner une couleur inattendue à un accord : les accords « add » et les accords « sus ».
Tous ces types d'enrichissements sont désormais d'usage courant dans la musique populaire, mais ils ont aussi été très employés par des compositeurs tels que Claude Debussy (1862-1918), Maurice Ravel (1875-1937) ou encore Richard Strauss (1864-1949).
Qu'est-ce que l'accord « add » ?
Un accord « add » est un accord additionnel, qui peut être majeur ou mineur, et auquel on ajoute un intervalle supplémentaire (ou additionnel), d'où son appellation.
Cet intervalle additionnel peut être une seconde majeure (auquel cas, on nommera l'accord add2), une quarte juste (add4), une neuvième majeure (add9), une onzième juste (add11) ou une treizième majeure (add13). Ce type d'accord est très utilisé pour colorer un accord et lui donner ainsi plus de personnalité.
Les accords add2 et add9 sont les plus fréquents ; l'accord add13 est plus rare.
Voici un exemple de chaque :
Qu'est-ce que l'accord « sus » ?
Un accord « sus » est un accord suspendu où la tierce est remplacée par un intervalle de seconde majeure (auquel cas on nommera l'accord sus2) ou de quarte juste (sus4). En l'absence de tierce, il est impossible de dire si l'accord est majeur ou mineur, d'où son appellation d'accord suspendu.
En réalité, il est très souvent utilisé pour brouiller temporairement l'harmonie en tournant autour de la tierce avec les intervalles qui lui sont immédiatement inférieur (la seconde majeure) et immédiatement supérieur (la quarte juste).
Voici un exemple de chaque :
Le cas de l'accord de sixte
Un accord de sixte est un accord majeur ou mineur auquel on ajoute une sixte majeure.
En réalité, l’accord majeur de sixte peut être interprété comme le premier renversement de l’accord mineur situé une tierce mineure plus bas et auquel on aurait ajouté une septième mineure. Par exemple, un accord de sixte de do majeur contient exactement les mêmes notes qu'un accord de la mineur avec septième mineure ; seulement, elles ne sont pas disposées dans le même ordre.
Selon la même logique, l’accord mineur de sixte peut être pensé comme le premier renversement de l’accord mineur situé une tierce mineure plus bas et auquel on aurait ajouté une septième mineure et diminuer la quinte d'un demi-ton. L'accord de sixte de do mineur contient exactement les mêmes notes qu'un accord de la mineur avec septième mineure et quinte diminuée (aussi appelé accord demi-diminué).
Les renversements d'accords
Qu'est-ce qu'un renversement d'accord ?
Le renversement fait référence à la note située à la basse d'un accord et affecte la disposition des notes d'un accord. Par exemple, un accord dont les notes sont disposées par superposition de tierces est dit « à l'état fondamental », car la fondamentale de l'accord se situe à la basse. Autrement dit, elle est la note la plus grave entendue dans l'accord. Si ce n'est pas le cas, on parle alors de renversement pour indiquer qu'une autre note a pris la place de la fondamentale.
- premier renversement : tierce à la basse
- deuxième renversement : quinte à la basse
Ceci s'applique également aux accords de quatre sons et plus :
- troisième renversement : septième à la basse
- quatrième renversement : neuvième à la basse
Le système musical occidental et les autres systèmes
La musique occidentale est encore aujourd'hui essentiellement basée sur le système tonal. Aussi est-il important d'en maîtriser les concepts fondamentaux pour comprendre, analyser et composer ces musiques. Toutefois, il n'est qu'un système parmi beaucoup d'autres. Il est donc tout aussi enrichissant d'explorer ces autres systèmes au travers de la musique contemporaine et des musiques extra-européennes (Asie, Moyen-Orient, Afrique, etc.).
Pour de plus amples informations, je vous recommande la lecture de cet article sur la notation anglo-saxonne qui détaille le chiffrage des accords utilisé dans les musiques actuelles.
Commentez cet article si vous avez des questions à me poser et partagez-le sur les réseaux sociaux pour aider d'autres musiciens à comprendre la tonalité et la construction des accords.
Commentaires
Là, vous êtes en tonalité de mi mineur.
La difficulté de cette progression d'accords est qu'elle oscille entre 2 gammes différentes : mi mineur naturel et mi mineur harmonique. C'est pour cela que vous êtes perdu.
Sur les accords Em D G, c'est la gamme de mi mineur naturel et sur l'accord B7, c'est la gamme de mi mineur harmonique.
En mi mineur naturel (E F# G A B C D), il n'y a que le fa# alors qu'en mi mineur harmonique (E F# G A B C D#) il y a un fa# + un ré#.
Dans le cas de votre grille d'accords, ce ré# est utilisé temporairement et uniquement sur le degré V de la gamme (en l’occurrence l'accord B7).
Si on avait gardé la gamme de mi mineur naturel sur toute la grille d'accords, on aurait eu par défaut un accord mineur sur le degré V, donc un accord Bm au lieu de B7.
L'utilisation du ré# permet donc de transformer notre accord mineur en un accord majeur afin de renforcer le sentiment conclusif de la grille d'accords (ce qu'on appelle la cadence).
Pour exemple, la progression d'accord en mi mineur naturel aurait donné : Em D G Bm
Merci pour votre retour.
Pas facile de vulgariser certains points théoriques parfois touffus
Concernant ta remarque, il n'y a pas de "tonalité d'un accord". Si on te donne un seul accord tout seul, hors de tout contexte, c'est impossible de déterminer une tonalité, car un même accord peut appartenir à différentes tonalités.
Pour trouver la tonalité, il faut avoir une progression d'accords suffisamment longue pour pouvoir la déduire avec certitude.
Petite astuce rapide, c'est souvent le dernier accord utilisé dans un morceau qui te permet de trouver la tonalité. Exemple, si un morceau se finit par un accord de la mineur, il y a 99% de chance que le morceau soit en la mineur. Il y a des exceptions, mais cette astuce est souvent fiable.
Merci et bravo quand même.
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