Dans cet article, je vous dévoile ma méthode née d'une pensée totalement farfelue, mais qui m'a permis de progresser à la guitare comme jamais !
Ce truc absurde qui m'a fait le plus progresser à la guitare
Bref retour en arrière : mes débuts à la guitare
Plantons le décor.
J'ai entre les mains une vieille guitare classique aux cordes défoncées et aux frettes si usées qu'elles auraient pu me refiler le tétanos au moindre contact.
Mais j'étais heureux ! J'allais jouer de la guitare pour la première fois !
Debout. Pied sur une chaise. Guitare sur la cuisse.
Dans quelques secondes, j'allais me lancer dans une reprise enflammée de Nothing Else Matters de Metallica.
Écoutez...
SWIIING ! SWOOONG ! ZBOOOING !
Bon... vous me croyez si je vous dis que j'ai assuré comme une vraie rock star ?
D'accord j'avoue. J'aurais pu sans problème en faire une vidéo YouTube avec un titre putaclic du style :
Je joue de la guitare pour la première fois... ça tourne mal !!! (lol)
Le résultat était mauvais catastrophique, mais j'étais fier de moi !
Oui... on se contente de peu au début... mais comprenez-moi ! Quand j'étais petit, la guitare ne m'intéressait pas spécialement (j'ai commencé la musique en tapotant sur un synthé), puis j'ai eu une révélation à l'adoleslence : METALLICA !!!
LA CLAQUE !
J'écoutais leurs morceaux en boucle et Kirk Hammett me retournait le cerveau à chaque solo.
C'était décidé. J'allais apprendre la guitare.
Une fois ma première guitare électrique entre les mains (une SG Epiphone), je m'y suis mis sérieusement... (musique dramatique) et c'est là que les problèmes ont commencé...
Mes premières erreurs de débutant... ça tourne (encore) mal !
Franchement, j'ai cumulé toutes les tares...
Regardez : j'ai joué uniquement au pouce pendant plusieurs semaines, je travaillais sans aucune méthode, j'allais trop vite, je me dispersais sans cesse, je me fichais complétement de la théorie et du rythme, en bref je faisais n'importe quoi et surtout n'importe comment.
En fait, je voulais juste jouer vite comme Kirk Hammett et aligner les solos. Point barre.
Les mois passent, je progresse petit à petit, je monte un groupe avec des amis, je commence mes premières compositions et je découvre progressivement tous les plus gros virtuoses de la guitare électrique : Joe Satriani, Steve Vai, Buckethead, Patrick Rondat, John Petrucci, Paul Gilbert et surtout... Yngwie J. Malmsteen !
Rebelote. Un festival de claques !
J'avais envie de jouer comme tous ces monstres, alors j'ai étudié leur style, travaillé les exercices de leurs vidéos pédagogiques, rejoué (très mal) leurs morceaux, mais la triste réalité m'a vite rattrapé. Mon niveau était encore trop limité.
Après des mois d'acharnement à jouer parfois plus de 10 heures par jour, ma technique s'améliore grandement. Je gagne en aisance, j'explore de nouveaux genres musicaux, mais je ne suis toujours pas satisfait.
Quelque chose clochait, mais je ne le savais pas encore.
Le jour où j'ai compris que...
On progresse réellement quand on est en phase avec sa personnalité artistique
Retenez ceci : on s'améliore toujours très vite sur les domaines qui nous tiennent à coeur, car on est déterminé et on déborde de motivation. À l'inverse, on galère sans fin sur ce qui nous déplait. Pire : on procrastine sans cesse et on bâcle le travail !
Je le dis ouvertement, je déteste le jazz et le blues ne m'a jamais intéressé. Même le légendaire Jimi Hendrix me laisse de marbre. Je n'aime pas tellement jouer en groupe ni faire des reprises de morceaux connus, car jouer la musique des autres m'ennuie profondément.
Pendant longtemps, j'ai eu du mal à comprendre. La grande majorité des guitaristes aiment ça, alors ce devrait être aussi mon cas, non ?
Je m'étais enfermé dans un carcan pendant des années en me forçant à faire des choses qui au final ne me plaisaient pas et me freinaient même dans mon apprentissage.
J'ai fini par dire STOP ! Mon truc c'était la création et je voulais le faire seul sans me sentir contraint par les codes habituels de la guitare électrique.
J'étais en parfait équilibre avec mon instrument lorsque je composais ma musique et je voulais explorer des voies musicales différentes pour tenter de faire sonner autrement la guitare électrique.
C'est là qu'une idée absurde (mais libératrice) m'a illuminé le cerveau :
Et si ma guitare électrique n'était pas une guitare électrique ?
Quelle musique serais-je capable d'écrire si j'avais une planche à pain entre les mains ?
Oui je sais c'est idiot (mais en vrai pas tant que ça).
Reformulons la question autrement : et si j'oubliais que j'avais une guitare entre les mains pour ne plus penser comme un guitariste, mais comme un musicien ?
Je suis vraiment passer au niveau supérieur le jour où j'ai compris cela.
Musicien ou guitariste ?
L'instrument conditionne le musicien. C'est ce qu'on appelle les idiomes, c'est-à-dire les moyens d'expression propres à chaque instrument.
Par exemple, faire un bend est une action très banale et naturelle pour un guitariste, car c'est une technique idiomatique de la guitare, mais en comparaison, elle est totalement impossible à réaliser sur un piano. De la même façon, le fait de jouer avec des baguettes est idiomatique de la batterie, mais cela n'aurait aucun sens pour un guitariste.
En jouant d'un instrument, vous êtes donc nécessairement conditionné par les possibilités expressives de cet instrument. Et à force de répéter les mêmes gestes, les mêmes plans ou les mêmes enchaînements d'accords pendant des années, vous développez des automatismes qui peuvent parfois devenir limitants (notamment dans l'improvisation ou la composition).
En oubliant temporairement votre instrument, vous pouvez donc vous affranchir de ses limitations pour explorer de nouvelles voies.
Inspirez-vous des autres instruments pour nourrir votre créativité et enrichir votre technique
C'est exactement la démarche suivie par le guitariste de jazz fusion Frank Gambale.
Écouter d'autres guitaristes était devenu pour lui ennuyeux, car trop prévisible. Il avait acquis une maîtrise tellement profonde de son instrument qu'il pouvait sans cesse deviner où un guitariste jouait et avec quelle technique. Pas très stimulant du coup.
Il a donc cherché de l'inspiration ailleurs, notamment chez les saxophonistes.
En les écoutant jouer, il s'est rendu compte qu'ils utilisaient massivement les arpèges dans leurs lignes mélodiques — chose beaucoup plus rare chez les guitaristes. Il a donc transposé ce concept à la guitare et c'est comme cela qu'il a initié et popularisé la technique du sweeping et de l'economy picking (ou directional picking). Ce tout nouveau champ de possibilités expressives lui a permis de construire des phrasés mélodiques inédits, ce qui a logiquement eu une influence sur sa technique instrumentale et contribué à définir son style.
Frank Gambale a su aller au-delà de son instrument, et il n'aurait jamais pu écrire ce type de musique s'il était resté centré sur la guitare.
Je pourrai aussi citer le cas du célèbre guitariste suédois Yngwie J. Malmsteen dont le vibrato de main gauche est absolument légendaire ! Et comment l'a-t-il développé ? En voulant imiter la sonorité d'un violon avec sa guitare ! Malmsteen est un fan inconditionnel de J. S. Bach, A. Vivaldi et N. Paganini, et son attrait pour la sonorité du violon couplé à un amour immodéré de la musique baroque lui ont carrément permis d'inventer un nouveau genre : le metal neo-classique.
Ironique, n'est-ce-pas ? C'est en s'inspirant d'autres instruments que ces deux artistes ont enrichi et renouvelé la technique guitaristique.
Comment et pourquoi cette approche a décuplé mes progrès à la guitare ?
En m'éloignant quelques temps de la guitare, j'ai entre autres pu explorer de nouvelles techniques de composition et testez d'autres manières de construire des accords avec les harmonies par seconde, par quarte et par quinte. J'ai aussi approfondi certaines techniques comme le tapping à deux mains et le jeu aux doigts pour pouvoir jouer la musique que j'avais en tête.
Sans cette coupure momentanée, j'aurai certainement toujours été influencé par mes habitudes de guitariste. J'aurais continué à composer en suivant la mécanique couplet / refrain, je serais resté sur les positions d'accords traditionnelles de la guitare agrémentées de quelques enrichissements et j'aurais simplement amélioré ma maîtrise des différentes techniques de jeu sans forcément chercher à me spécialiser sur l'une d'entre elles.
J'ai tiré deux enseignements de cette expérience.
Soyez extrême !
Si vous sonnez comme tout le monde, vous sonnez comme personne.
En suivant une voie radicale, vous êtes forcé de faire des choix, et c'est en assumant des choix extrêmes que vous pouvez affirmer votre style et votre personnalité artistique.
Vous testez des techniques différentes, vous étudiez de nouvelles gammes, vous comparez différents sons de guitare, et de temps à autre, vous découvrez quelque chose qui vous accroche l'oreille et qui mérite d'être exploré davantage. Vous affinez vos goûts et vous maîtrisez de mieux en mieux ces aspects qui vous inspirent.
Voilà, vous êtes sans le savoir en train de forger votre personnalité musicale.
D'une certaine manière, c'est ce qu'ont fait tous les guitaristes qui ont marqué l'histoire de la guitare : Michael Angelo Batio a choisi la virtuosité extrême, Buckethead s'est créé un univers musical totalement burlesque inspiré du jeu vidéo, du cinéma de genre et des parcs d'attractions, Tom Morello est devenu un spécialiste des effets sonores les plus fous, Mark Knopfler a développé une empreinte sonore unique par son jeu aux doigts et Yngwie J. Malmsteen a carrément inventé le metal neo-classique !
Conséquence logique de cette démarche : vous devenez de plus en plus spécialiste.
Pour vous donner un exemple à ma modeste échelle, j'ai opté pour la production massive de courtes pièces pour guitare électrique solo (10 secondes à 2 minutes), et en concert, je joue systématiquement seul avec projection vidéo et diffusion de sons électroniques.
Soyez spécialiste plutôt que généraliste !
N'ayez pas peur d'occulter complètement certains genres musicaux ou certaines techniques de jeu pour vous concentrer uniquement sur ce qui vous fait vraiment vibrer. Vous serez évidemment moins à l'aise sur les aspects que vous aurez négligé, mais vous deviendrez vite extrêmement bon sur ceux que vous aurez ciblé.
Attention, je ne vous dis pas de négliger les fondamentaux de l'instrument, mais d'acquérir d'abord des bases solides, puis de sélectionner les aspects à approfondir en priorité et ceux que vous êtes prêts à délaisser.
Sachez tout de même qu'être généraliste n'est pas forcément un mal (notamment si vous voulez être guitariste de studio ou accompagnateur), et il peut être intéressant aussi de travailler des genres musicaux que vous n'aimez pas, car vous pouvez ensuite en détourner les codes et vous les réapproprier dans votre style. Cependant, la spécialisation vous permettra plus facilement de vous démarquer des autres.
Django Reinhardt ne savait pas jouer du death metal et ça ne l'a pas empêché de devenir une légende du jazz manouche. De la même façon, David Gilmour (guitariste de Pink Floyd) ne sait pas faire du sweeping à la vitesse d'un avion de chasse boosté aux hormones, mais il a une science du son et une maîtrise des bends qui sont supérieures à 97% des guitaristes.
Vous n'avez pas besoin de maîtriser toutes les techniques du monde, toutes les gammes du monde ou tous les genres musicaux du monde. Vous devez simplement devenir le meilleur guitariste possible dans le domaine qui vous passionne. Allez-y à fond et vous progresserez à 2000%.
Peut-être que vous ferez toute votre carrière en exploitant une gamme à 9 notes ? Ou alors vous développerez une technique entièrement basée sur le slide ? Ou vous utiliserez un accordage inédit pour obtenir de nouvelles possibilités de jeu ?
Encore à ma très modeste échelle, je joue 99% du temps en legato et tapping à deux mains saupoudré de percussions (le tout avec un son clair).
Comment appliquer cette logique dans votre apprentissage
Résumons d'abord l'idée :
- Soyez en phase avec votre instrument : n'allez jamais contre vos envies musicales les plus viscérales.
- Soyez extrême : faites des choix musicaux forts et assumez-les.
- Spécialisez-vous : ciblez ce qui vous fait le plus vibrer et devenez le meilleur guitariste possible dans ce domaine.
- Pensez comme un musicien : ne vous laissez pas limiter par les automatismes de votre instrument.
Cette démarche m'a permis d'établir une feuille de route : j'avais enfin des objectifs précis à suivre et je savais donc toujours où j'allais.
Voici la marche à suivre pour booster vos résultats
(même si vous débutez la guitare)
MÉTHODE EN TROIS ÉTAPES
Comprendre. Visualisez. Agir.
1) Détaillez les motivations profondes qui vous poussent à apprendre la guitare.
En comprenant ce qui vous motive, vous identifiez déjà vos objectifs principaux, et vous pourrez toujours vous y accrocher dans les phases de galère, de stagnation, voire de régression. Cela vous aide aussi à faire un premier tri parmi toutes les notions à apprendre et voir dans quoi vous allez vous spécialiser.
2) Imaginez une version idéalisée de vous-même et décrivez-la.
Si vous étiez au sommet de votre gloire, quel genre de guitariste seriez-vous ? Visualisez ce que vous pourriez accomplir grâce à votre expertise, cela vous aidera à définir les objectifs à atteindre pour y arriver.
3) Listez vos objectifs prioritaires (sans limite de nombre).
Ce sont ceux qui vous permettront d'atteindre votre moi idéalisé. Classez-les par ordre décroissant de priorité et regroupez-les en 3 catégories : objectifs à court terme, moyen terme et long terme.
Maintenant c'est à vous de jouer : travaillez en priorité tout ce qui vous aidera à atteindre ces objectifs et vous aurez un énorme boost de satisfaction en les accomplissant !
Si cet article vous a plu, partagez-le pour faire connaître cette méthode à d'autres musiciens et dites-moi aussi en commentaire ce qui vous a fait le plus progresser à la guitare.
Cet article participe au carnaval d’articles « LE truc qui m'a fait le plus progressé avec mon instrument » organisé par Roman Buchta du blog ouimusique.coach.