Comment bien structurer sa chanson ? Comment composer des harmonies et des mélodies efficaces ? Comment orchestrer et définir le style ? Cette publication est la première d'une série de quatre articles consacrés à l'écriture d'une chanson pop.
Comment écrire et structurer une chanson
Aucun artiste n'aborde la création artistique selon la même méthode, car ce qui marche parfaitement pour l'un pourra ne pas convenir à un autre. Ainsi, certains vont commencer par écrire les paroles quand d'autres seront plus inspirés par une mélodie ou une grille d'accords. Aussi est-il difficile de conseiller une approche qui soit valable pour tous. Toutefois, il est possible de proposer une méthodologie efficace pour ceux qui sont complètement novices en la matière. La méthode que j'expose ci-dessous permet d'obtenir des résultats très satisfaisants en peu de temps. Bien entendu, avec l'expérience on pourra adapter ce modèle, voire s'en affranchir pour suivre une voie qui sera plus en accord avec la réalité de sa démarche créatrice.
Comment apprendre à composer une chanson pop de A à Z
Le compositeur est un architecte du son, et en bien des points, l'écriture d'une chanson peut s'apparenter à la construction d'une maison. Ainsi, il faudra d'abord définir la forme générale du morceau comme le ferait un architecte avec le plan d'une maison : quelle est la durée de la chanson ? Combien de sections contient-elle ? De quel type ? Comment sont-elles réparties ?
Voilà quelques-unes des questions à se poser avant de débuter tout travail d'écriture, car en effet, les stratégies de composition mises en place ne seront pas les mêmes selon que la chanson dure 3 minutes ou 10 minutes, de même si elle contient 3 couplets ou 12 couplets. Cette première étape permet donc de s'assurer de la cohérence et de l'équilibre du morceau, car une erreur dans la conception peut transformer une chanson potentiellement excellente en une création ratée et totalement inefficace.
Une fois la forme établie, on pourra décider du contenu des sections en travaillant sur les harmonies et la mélodie (ce qui correspondrait à l'aménagement des pièces d'une maison), puis à leur orchestration (la décoration des pièces). L'avantage de travailler d'abord sur la forme et les matériaux bruts est de pouvoir ensuite les adapter facilement à tout style musical comme nous le verrons plus tard. Détaillons maintenant les différentes étapes à suivre.
Comment définir la forme d'une chanson pop
Afin de structurer efficacement un morceau, il faut d'abord connaître les types de sections les plus couramment utilisés en musiques actuelles et en comprendre la fonction, les caractéristiques et les contraintes.
Fonction de l'introduction dans une chanson
Comme son nom l'indique, l'introduction (ou intro) est la section initiale qui ouvre un morceau et en expose le caractère : tonalité, ambiance, tempo, rythme, etc. C'est une section imitative, c'est-à-dire qu'elle copie la structure du couplet ou du refrain, mais sans y inclure les paroles. Il peut y avoir du chant dans une introduction, mais dans ce cas, ce sera toujours sans paroles sans quoi on pourrait la confondre avec le couplet ou le refrain. C'est le cas dans Knockin' On Heaven's Door de Bob Dylan et Self Esteem de The Offspring. L'introduction peut parfois contenir un solo instrumental comme dans Darkshines de Muse ou Johnny B. Goode de Chuck Berry.
Sa durée est très variable, mais elle est généralement proportionnelle à la durée du morceau. Par exemple, le morceau Hotel California des Eagles dure 6 minutes 30 et contient une introduction de 52 secondes. En comparaison, le morceau Yesterday des Beatles a une introduction de 5 secondes pour une durée totale de 2 minutes et 3 secondes. L'introduction peut parfois se limiter à 2 mesures ou même à une seule note.
L'introduction est une section optionnelle mais très courante. Elle se situe obligatoirement en début de morceau. Il peut parfois y avoir plusieurs introductions successives au sein d'une même chanson. C'est le cas de Prodigal Funk de Keziah Jones, Peephole de System Of A Down, Battery de Metallica ou encore Knights Of Cydonia de Muse. L'absence d'introduction est rare, mais elle existe. C'est le cas de One Fine Day de The Offspring.
Fonction du couplet dans une chanson
Le couplet (ou verse en anglais) est une section chantée dont la fonction première est de faire évoluer la narration. Pour cela, il présente des paroles différentes à chaque nouvelle exposition et s'enrichit progressivement par l'ajout de nouveaux instruments (basse, synthétiseurs, cordes, guitares et voix additionnelles, etc.). Ce dernier aspect est fondamental pour appuyer l'évolution du récit et l'amener jusqu'à son point culminant. Généralement, le premier couplet sera le plus dépouillé et le dernier sera le plus complexe, mais il existe quelques exceptions. Le dernier couplet peut parfois être le plus simple afin de marquer un contraste d'autant plus fort avec le refrain final. Parfois, un morceau pourra même se terminer par un couplet partiellement tronqué.
La durée la plus courante d'un couplet est 8 mesures. Les autres durées possibles sont obtenues par ajout ou suppression de 4 mesures. Ainsi, un couplet peut faire 4 mesures, 8 mesures, 12 mesures, 16 mesures, etc. Voici quelques exemples : les couplets de Scar Tissue des Red Hot Chili Peppers durent 4 mesures, ceux de Smells Like Teen Spirit de Nirvana durent 8 mesures, ceux de Imagine de John Lennon durent 12 mesures, et ceux de Zombie des Cranberries durent 16 mesures. Cette règle découle simplement des structures symétriques communes à une très grande majorité de morceaux de musiques actuelles. Elle est donc implicitement devenue une norme acceptée et appliquée par bon nombre d'artistes. Évidemment, on trouvera toujours des exceptions à cette règle dans le rock progressif et le metal progressif, et même parfois chez des groupes plus pop comme les Beatles qui utilisent des couplets de 7 mesures dans Yesterday.
Le couplet est obligatoirement présent dans une chanson sans quoi il n'y aurait pas de récit possible, et en l'absence de ce contraste nécessaire, le refrain n'aurait alors aucun poids. Selon la même logique, il y a rarement moins de deux couplets dans une chanson, mais leur nombre maximal n'est pas limité, car tout dépend de la durée du morceau. Le morceau Nothing Else Matters de Metallica compte par exemple sept couplets, car sa durée totale est de 6 minutes 28 ; Knockin' On Heaven's Door de Bob Dylan n'en contient que deux, car sa durée est de 2 minutes 32. Exception notable : le morceau California Dreamin' de The Mamas & The Papas ne contient qu'un seul couplet.
Fonction du pré-refrain dans une chanson
Comme son nom l'indique, le pré-refrain (ou pre-chorus en anglais) est une section qui prépare le refrain et qui le précède donc (une exception à cette règle dans Come As You Are de Nirvana où le premier pré-refrain précède le couplet 2). Il a une fonction de crescendo et est un intermédiaire entre le couplet et le refrain. Par conséquent, il développe l'énergie mise en place dans le couplet, sans que celle-ci ne vienne ensuite empiéter sur celle du refrain.
Sa durée est habituellement identique ou deux fois plus courte que celle du refrain. Si le pré-refrain est trop long, il risque de diminuer l'impact du refrain ; s'il est trop court, on ne percevra pas la tension qu'il est censé apporter. Les morceaux Smells Like Teen Spirit de Nirvana et Billie Jean de Michael Jackson comptent tout deux des pré-refrains de 8 mesures.
Le pré-refrain est une section optionnelle dont la présence dépend avant tout de la durée du morceau. S'il est présent, il doit l'être obligatoirement avant chaque refrain. La seule exception à cette règle concerne le dernier refrain notamment lorsque celui-ci est doublé ou précédé d'un solo. On supprime alors le pré-refrain pour créer un effet de surprise et donner le sentiment que le morceau gagne en dynamisme. C'est le cas dans le final de Billie Jean de Michael Jackson.
Fonction du refrain dans une chanson
Le refrain (ou chorus en anglais) est une section chantée dont les paroles et la mélodie sont répétées à l'identique à chaque nouvelle exposition. Il représente l'identité du morceau, car il contient l'élément le plus mémorisable : souvent la mélodie vocale ou un motif instrumental (riff de guitare, mélodie de piano, etc.). Ce doit être la section la plus dynamique afin de marquer un contraste efficace avec les couplets et sa redondance vocale et instrumentale le rend facilement identifiable et mémorisable. Si le refrain d'une chanson est raté, alors la chanson sera ratée dans 99% des cas (cela est moins vrai pour les autres sections). Dans quelques cas, les paroles peuvent être légèrement différentes d'un refrain sur l'autre, mais ces variations subtiles ne touchent que quelques mots et jamais la phrase entière ; encore moins le sens du message véhiculé par le refrain.
La durée la plus courante d'un refrain est 8 mesures. Les autres durées possibles sont les mêmes que pour le couplet. Voici quelques exemples : les refrains de Killing In The Name de Rage Against The Machine durent 4 mesures, ceux de Karma Police de Radiohead durent 8 mesures, ceux de It'll Be A Long Time de The Offspring durent 12 mesures, et ceux de New Born de Muse durent 16 mesures. Enfin, il est très courant de doubler le refrain final ou d'en allonger une partie pour rendre la mémorisation du morceau d'autant plus efficace. C'est le seul moment où un refrain peut être doublé, car sa fonction est alors de créer un point culminant. C'est le cas dans Highway To Hell de AC/DC. En règle générale, le refrain est soit d'une taille égale à celle du couplet, soit plus court, mais rarement plus long. Les exceptions concernent principalement les doubles refrains et le cas du refrain final dont la durée est allongée.
L'absence de refrain dans une chanson est rare mais elle existe. C'est le cas de Fade To Black de Metallica.
Fonction du pont dans une chanson
Le pont (aussi appelé interlude, break ou bridge en anglais) est une section de transition permettant de casser la répétitivité de l'alternance couplet/refrain. En conséquence, le pont permet de maintenir l'intérêt de l'auditeur en apportant une nouveauté : changement de rythme, de tempo, de mélodie, d'accords, etc.
Sa durée est couramment de 8 mesures (parfois 4), mais il peut être aussi très long comme dans Whole Lotta Love de Led Zeppelin où il dure 38 mesures.
Le pont est une section optionnelle dont la présence dépend avant tout de la durée du morceau. S'il est présent, il intervient généralement vers la moitié du morceau, car c'est là où l'auditeur risque de se lasser de l'alternance couplet/refrain. Placé trop tôt, il serait donc inutile, de même si le morceau est de courte durée (moins de 3 minutes). Il y a en général un seul pont par morceau et celui-ci précède presque toujours le refrain final ou un solo (parfois un couplet). C'est le cas dans Highway To Hell de AC/DC, Johnny B. Goode de Chuck Berry ou encore Sunburn de Muse. Le pont est habituellement sans chant ni paroles, mais des exceptions existent comme dans Zero des Smashing Pumpkins ou Beat It de Michael Jackson.
Fonction du solo dans une chanson
Le solo est une section purement instrumentale dont la principale caractéristique est de mettre en avant un musicien. L'accompagnement peut reprendre à l'identique la structure d'une autre section (le refrain dans la majeure partie des cas) ou être radicalement différent. Comme pour le pont, le solo permet de maintenir l'intérêt de l'auditeur en apportant de la variété. Le soliste peut reprendre la mélodie du refrain en y apportant diverses variations (très typique de la variété française et de la musique pop) ou bien improviser complètement une nouvelle mélodie (typique du blues, du rock et de ses dérivés). Il peut arriver qu'il y ait plusieurs solos simultanés comme dans Johnny B. Goode de Chuck Berry où le solo de guitare est accompagné par une improvisation du piano. Toutefois, le son du piano est plus lointain afin de mettre en avant la guitare qui est le vrai soliste. L'instrument soliste le plus courant est la guitare, mais on trouve aussi le piano (Butterflies And Hurricanes de Muse), les synthétiseurs (Highway Star de Deep Purple), la basse (My Generation de The Who), le saxophone (Shine On You Crazy Diamond de Pink Floyd), la flûte traversière (California Dreamin' de The Mamas & The Papas), l'harmonica (Midnight Rambler des Rolling Stones), et même la batterie (Moby Dick de Led Zeppelin).
La durée d'un solo est très variable, mais elle est souvent liée à la durée de l'accompagnement. Par conséquent, si le solo reprend la structure du refrain, alors il aura la même durée que le refrain. Parfois, certains solos peuvent être bien plus longs et occuper une très grande partie du morceau. Ainsi, le solo final de Free Bird de Lynyrd Skynyrd dure plus de 4 minutes, soit presque la moitié de la durée totale du morceau (9 minutes et 6 secondes). Même chose pour celui de Hotel California des Eagles dont les 2 minutes représentent près d'un tiers de la durée totale (6 minutes 30).
Le solo est une section optionnelle dont la présence dépend avant tout de la durée du morceau. Le nombre de solo dans un morceau n'est pas limité et dépend essentiellement du genre musical : peu présent dans la musique pop, très fréquent dans le rock, le rock 'n' roll et le blues, quasiment systématique dans le hard rock et le heavy metal. Lorsqu'il n'y a qu'un solo, il intervient généralement vers la moitié du morceau, mais ce n'est pas toujours le cas. Par exemple, les solos de Hotel California des Eagles et de Little Wing de Jimi Hendrix concluent chacun le morceau. Dans d'autres cas, plusieurs solos peuvent se suivre. C'est le cas de Shine On You Crazy Diamond de Pink Floyd qui débute par une succession de cinq solos : un solo de clavier suivi de deux solos de guitare, un autre solo de clavier et un dernier solo de guitare. Enfin, même si le cas est rare, un solo peut être effectué sans le soutien d'un accompagnement. C'est le cas du premier solo de Heartbreaker de Led Zeppelin.
Fonction de l'outro dans une chanson
L'outro est la section qui conclue un morceau. Tout comme l'introduction, elle est couramment une section imitative, c'est-à-dire qu'elle copie la structure de la section qui la précède (bien souvent le couplet ou le refrain). L'outro peut parfois contenir un solo instrumental comme dans Another Brick In The Wall (Part 2) de Pink Floyd. Parfois, elle pourra être complètement différente du reste du morceau et ne reprendre aucun élément musical précédemment exposé. C'est le cas de Sunburn de Muse ou de Toxicity de System Of A Down. Elle peut aussi être un prolongement de la section précédente comme dans Billie Jean de Michael Jackson et Smells Like Teen Spirit de Nirvana où l'outro prend la forme d'un refrain étendu.
Sa durée est très variable, mais elle est généralement proportionnelle à la durée du morceau.
L'outro est une section optionnelle mais très courante. Elle se situe obligatoirement en fin de morceau et peut se conclure de deux manières : soit par un fade out qui fait simplement diminuer le volume sonore du morceau jusqu'au silence (Un Jour En France de Noir Désir), soit par un arrêt des instruments (Come As You Are de Nirvana).
Structure d'une chanson : les cas particuliers
On rencontre parfois des notations du type ad lib. (ad libitum en latin) ou free time qui indiquent une section dont l'interprétation est libre du point de vue du tempo, de la métrique ou des rythmes. C'est le cas juste avant le final de Space Dementia de Muse où le dernier accord de do majeur est accompagné de la mention w/ad lib. arpeggios, c'est-à-dire joué en arpège de manière libre. C'est aussi le cas du final de Highway To Hell de AC/DC qui est accompagné de la mention Free Time pour indiquer que ce passage est joué avec un rythme libre.
Structure d'une chanson : exemples de formes musicales connues
Structure de Knockin' On Heaven's Door (Bob Dylan)
Intro / Couplet 1 / Refrain / Couplet 2 / Refrain / Outro
Structure de Imagine (John Lennon)
Intro / Couplet 1 / Couplet 2 / Refrain / Couplet 3 / Refrain
Structure de Highway To Hell (AC/DC)
Intro / Couplet 1 / Refrain / Couplet 2 / Refrain / Pont / Solo / Refrain / Refrain / Outro
Structure de Unintended (Muse)
Introduction / Couplet 1 / Couplet 2 / Refrain / Couplet 3 / Couplet 4 / Refrain / Refrain / Outro
Structure de Poker Face (Lady Gaga)
Intro / Couplet 1 / Pré-refrain / Refrain / Couplet 2 / Pré-refrain / Refrain / Couplet 3 / Refrain / Refrain / Outro
Structure de Frozen (Madonna)
Intro / Couplet 1 / Couplet 2 / Refrain / Couplet 3 / Couplet 4 / Refrain / Pont / Couplet 5 / Refrain / Refrain / Outro
Structure de Scar Tissue (Red Hot Chili Peppers)
Intro / Couplet 1 / Refrain / Couplet 2 / Refrain / Solo / Couplet 3 / Refrain / Couplet 4 / Refrain / Solo / Couplet 5 / Refrain / Solo
Structure de Nothing Else Matters (Metallica)
Intro / Couplet 1 / Couplet 2 / Couplet 3 / Refrain / Couplet 4 / Refrain / Interlude / Couplet 5 / Couplet 6 / Refrain / Solo / Couplet 7 / Outro
Comment structurer une chanson : composer un morceau facilement
Choisir les sections d'une chanson
Composer, c'est choisir. Aussi, la première étape consiste à piocher les sections que l'on souhaite utiliser parmi celles ci-dessus. À ce stade, il est suffisant de lister les sections sans chercher à les organiser. Évidemment, le choix ne doit pas se faire au hasard, mais toujours en fonction de la durée totale du morceau et de l'idée musicale initiale. Voici quelques conseils sachant que ce ne sont que des indications nécessairement très relatives, car dépendantes du tempo du morceau et de la taille des sections :
- Pour les durées inférieures à 3 minutes, l'utilisation de l'introduction, du couplet, du refrain et de l'outro suffisent généralement. On utilisera en moyenne 2 à 3 couplets et on pourra éventuellement inclure un solo au sein de l'introduction ou de l'outro.
- Pour les durées standards comprises entre 3 et 6 minutes, toutes les sections sont potentiellement utilisables. On emploiera en moyenne 2 à 4 couplets (parfois 5) et rarement plus d'un pont et d'un solo. Les doubles refrains sont courants.
- Pour les durées comprises entre 6 et 10 minutes, on rencontrera un nombre accru de solos, de ponts et de couplets (entre 4 et 8).
- Au-delà de 10 minutes, il est plus difficile de préconiser des règles, car dans l'absolu, tout est possible. Les sections instrumentales (pont et solo) sont généralement nombreuses, plus développées, plus complexes et beaucoup plus longues. Aussi, l'idéal est d'expérimenter d'abord des formes courtes, puis d'aborder ces cas lorsque l'on se sent apte à gérer des formes de longues durées.
Organiser les sections d'une chanson
Une fois les sections choisies, il convient de définir leur taille et de les organiser au mieux en prenant comme référence les formes existantes les plus utilisées en musiques actuelles. Si une forme n'a jamais ou très peu été employée, alors il y a de fortes chances pour qu'elle se révèle inefficace. Voici quelques conseils :
- Il faut éviter une trop grande disproportion entre les sections, car elles peuvent déséquilibrer le morceau : couplets de 20 mesures et refrains de 4 mesures par exemple.
- Il faut éviter les refrains trop longs, car ils sont plus difficilement mémorisables.
- Il faut éviter de placer le pont trop tôt dans un morceau sans quoi il sera inefficace, voire perçu comme une maladresse.
Concernant l'alternance entre couplet et refrain, il existe deux choix : exposer d'abord le couplet si l'on souhaite donner le sentiment d'une évolution progressive vers le point culminant ; exposer d'abord le refrain pour donner une énergie et un dynamisme immédiat à son morceau. Aucun choix n'est meilleur que l'autre, car tout dépend le résultat final que l'on souhaite obtenir.
Concernant la répartition des couplets, il existe deux possibilités : la répartition symétrique qui assure un certain équilibre au morceau, mais qui le rend en contrepartie plus prévisible ; la répartition asymétrique qui permet de surprendre l'auditeur, mais qui peut en contrepartie déséquilibrer la forme si l'asymétrie est trop importante.
Cet exemple de répartition asymétrique par une diminution progressive du nombre de couplets, car c'est cela qui confère au morceau plus de dynamisme. En effet, la musique est un art qui évolue dans le temps, ce qui amène l'auditeur à faire sans cesse le lien entre ce qu'il entend à un instant T et ce qu'il a entendu précédemment. Par conséquent, si le nombre de couplets diminue petit à petit, cela signifie également que la durée séparant chaque refrain est de plus en plus courte. Cette compression du temps accentue l'énergie dégagée par le refrain, ce qui valorise d'autant plus l'arrivée sur le point culminant tout en donnant l'illusion que le morceau est plus court qu'il ne l'est en réalité.
À l'inverse, une augmentation progressive du nombre de couplets produira l'effet inverse. Prenons le cas de la forme suivante :
- Couplet 1 / Refrain / Couplet 2 / Refrain / Couplet 3 / Couplet 4 / Refrain
Lorsque l'auditeur entend le troisième couplet, il a déjà en tête les deux alternances couplet/refrain qui précèdent et s'attendra donc logiquement à entendre un refrain au terme du couplet 3, soit la section la plus dynamique du morceau. Or, dans ce cas précis, il entendra un couplet (section la moins dynamique) créant alors une déception locale. Le gain d'énergie attendu par l'auditeur est remplacé par une perte d'énergie. Il aura donc le sentiment que le morceau est mou et s'éternise subitement.
Si l'on reprend la structure de Imagine de John Lennon, on constatera qu'il utilise bien une répartition asymétrique qui procède par une diminution progressive des couplets. En revanche, si l'on reprend maintenant l'exemple de Nothing Else Matters de Metallica, on verra qu'ils utilisent également une répartition asymétrique, mais avec une augmentation du nombre de couplets à compter du cinquième couplet. Pourtant, leur morceau reste très bien équilibré. En réalité, la tendence générale de leur répartition est bien une diminution progressive : trois couplets, puis un, puis deux, puis un. Les couplets 5 et 6 ne sont en fait qu'une contre-tendance locale qui n'affecte pas la perception générale du morceau grâce à l'interlude qui précède. En effet, de part la nouveauté qu'il apporte et sa durée importante, celui-ci occupe suffisamment la mémoire de l'auditeur pour lui faire oublier en partie ce qui a été entendu auparavant. C'est en quelque sorte une technique de formatage du contenu de la mémoire permettant alors d'écouter ce qui suit avec une oreille neuve. C'est pourquoi les couplets 5 et 6 semblent si naturels ensuite.
Préparer la partition d'une chanson
Une fois toutes ces étapes accomplies, il faut prendre une feuille de papier à musique et y inscrire toutes ses sections en gardant systématiquement 4 mesures par système. Ce groupement aura son importance plus tard lors de l'écriture des accords. Je conseille également l'ajout d'une double barre pour symboliser les fins de sections et gagner en lisibilité. Enfin, il faudra inscrire le nom de la section en abrégé dans la marge pour laisser l'espace au-dessus des portées disponible pour l'écriture des accords : I pour introduction, C pour couplet, PR pour pré-refrain, R pour refrain, P pour pont, S pour solo et O pour outro.
L'usage de la partition peut sembler étrange, car la pop est une musique de tradition orale, qui (sous l'impulsion des Beatles notamment) a intégré l'enregistrement et les techniques de studio au sein de son processus créatif. Toutefois, le travail sur partition clarifie les étapes à suivre lors de l'écriture de la chanson, offre une meilleure visibilité sur l'évolution du travail en cours, et facilite la compréhension des règles liées au développement harmonique et mélodique. Avec l'expérience, il est ensuite plus aisé de s'en détacher pour composer de manière plus instinctive.
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De la structure d'une chanson à la composition d'une suite d'accords
La structure de votre chanson est prête ? Parfait ! Le moment est venu d'écrire vos premières grilles d'accords ! Comment ? Découvrez-le sans plus attendre dans ce deuxième article consacré à l'harmonie.