Après Kirk Hammett et Yngwie J. Malmsteen, place à l'énigmatique Buckethead ! Un guitariste moins médiatisé, mais qui est à coup sûr le plus bizarre de tous les temps !
Véritable OVNI de la guitare, Buckethead est peu connu du grand public et parfois même des guitaristes. Ce troisième numéro de Focus est donc là pour réparer cette injustice et vous présenter ce guitariste hors-norme !
Buckethead, masque, poulets et virtuosité
Buckethead : qui se cache derrière le masque ?
Présenter Buckethead est une tâche difficile tant ce personnage est auréolé de mystère... Qui est-il réellement ? A-t-on déjà vu son véritable visage ? Pourquoi porte-t-il un masque et un seau renversé sur la tête ?
L'identité de Buckethead (de son vrai nom Brian Patrick Carroll) a fait l'objet de nombreuses rumeurs, certaines prétendaient même que le guitariste Paul Gilbert se cachait sous le masque. C'est évidemment faux !
Alors quelles sont les origines de ce curieux personnage ?
L'histoire du jeune Buckethead
En résumé, Buckethead est né dans une ferme où il grandit seul et incompris de tous. Après avoir déménagé dans le poulailler, il se fit rapidement de nouveaux amis. Les poulets prirent soin de lui et lui griffèrent le visage par amour, l'obligeant depuis à porter un masque.
Pour passer le temps et oublier l'odeur de poulet frit, Buckethead regardait des films chaque soir tout en jouant de la guitare. Le drive-in qui les diffusait se trouvait en bas de la colline où se situait la ferme, si bien que Buckethead ne pouvait les entendre. Heureusement, en laissant ses doigts parcourir la guitare, la musique lui apparut soudainement !
Une nuit, quelqu'un jetta un seau de poulet frit dans le poulailler. Malgré tous ses efforts, Buckethead ne put reconstituer le poulet. Il prit alors le seau, le posa sur sa tête et partit au cimetière avec sa guitare. Buckethead était triste, mais cette nuit-là, il joua mieux que jamais. Il comprit alors que le seau lui permettait de canaliser les esprits de tous les poulets frits qu'il avait connu auparavant.
Il joua jusqu'à l'évanouissement.
Au petit matin, il constata que le seau était resté sur sa tête et qu'il était rempli d'os de poulet.
Après l'avoir retrouvé recroquevillé dans une tombe, les gens de la ferme se sentirent mal et essayèrent donc d'être plus gentil avec lui pendant un temps.
Un jour, le fermier lui montra comment se faufiler à Disneyland. Là, il découvrit une ville merveilleuse où tout le monde lui parlait et chantait des chansons.
Après avoir incendié la ferme, il fuit et tenta en vain de travailler comme animatronique à Disneyland. Vu qu'il n'y parvint pas, il créa son propre parc d'attractions baptisé Bucketheadland.
Cette biographie fictive donne le ton et montre à quel point Buckethead est un musicien excentrique !
L'histoire de Buckethead racontée en musique
Voici maintenant une version résumée de cette histoire avec le morceau The Ballad Of Buckethead extrait de son album Monsters and Robots paru en 1999.
Mais si ce n'est pas la vérité, alors quelle est la véritable origine de Buckethead ?
Laissons l'intéressé répondre.
Interview du guitariste Buckethead dans le Guitar Player Magazine de 1996
Buckethead : I was eating it, and I put the mask on and then the bucket on my head. I went to the mirror. I just said, 'Buckethead. That's Buckethead right there.' It was just one of those things. After that, I wanted to be that thing all the time.
Pour compléter l'explication, Buckethead est un grand fan de film d'horreur et son masque lui a été inspiré par celui que porte le tueur en série Michael Myers dans le film Halloween 4. Quant au seau qui orne sa tête, il provient tout simplement de la chaîne de restaurants KFC où le poulet est servi dans des seaux en carton.
Certes, c'est un poil moins poétique que la version précédente...
Buckethead est très loin de l'image exubérante du guitar hero des années 80 à la Malmsteen. Ce serait même tout le contraire ! Buckethead est plutôt réservé et communique avec le public et les journalistes par l'intermédiaire d'une marionnette nommée Herbie. Cette timidité explique d'ailleurs en partie la génèse du personnage et son choix de jouer masqué.
Voici un extrait de concert où Buckethead s'exprime devant son public au travers d'Herbie.
Après tout cela, vous vous dites sûrement que Buckethead est complètement fou, mais les étrangetés ne s'arrêtent pas là !
Buckethead est un adepte du nunchaku et de robots géants, et il ne perd jamais une occasion de montrer ses talents en concert !
C'est aussi un amateur de jouets, de jeu vidéo (sa guitare est équipée d'un killswitch activable via un gros bouton rouge issu d'une borne d'arcade) et un adorateur de... poulets.
Évidemment !
Buckethead en action : sélection de ses meilleurs morceaux et albums
Voyons maintenant la bête en action !
Les plus beaux morceaux composés par Buckethead
Difficile de se limiter à quelques titres tant la discographie de Buckethead est vaste et diversifiée ! Ces sept morceaux devraient tout de même vous donner une idée suffisamment complète de son style :
- Welcome To Bucketheadland, extrait de l'album Giant Robot (1994)
- Big Sur Moon, extrait de l'album Colma (1998)
- Who Me ? extrait de l'album Monster And Robots (1999)
- Sketches of Spain, extrait de l'album Electric Tears (2002)
- The Cobra's Hood, extrait de l'album Bucketheadland 2 (2003)
- The Black Forest, extrait de l'album The Cuckoo Clocks of Hell (2004)
- Coma, extrait de Enter The Chicken (2005)
Les meilleurs albums de Buckethead
Faire une sélection d'albums parmi la production titanesque de Buckethead relève de l'impossible pour quelqu'un qui souhaiterait découvrir sa musique. J'ai donc sélectionné pour vous les meilleurs albums de Buckethead. Écoutez-les en priorité, mais gardez à l'esprit que le style musical de Buckethead peut varier énormément d'un album à l'autre. Aussi, n'hésitez pas à écouter des albums qui ne seraient pas dans cette liste (notamment sa série de Pikes).
Les meilleurs morceaux de Buckethead en écoute
Buckethead et la guitare : son influence sur les autres guitaristes
Avec 294 albums studios à ce jour et des dizaines de projets parallèles (DVD, collaborations avec d'autres artistes, cinéma, jeu vidéo, etc.), Buckethead est probablement le guitariste le plus prolifique de tous les temps.
Buckethead : ses projets et collaborations
Bien qu'il soit relativement peu connu du grand public, Buckethead a multiplié les collaborations avec des artistes de renom comme le saxophoniste John Zorn, le bassiste Les Claypool (Primus), l'acteur Viggo Mortensen, le chanteur Serj Tankian (System Of A Down) qui a produit son album Enter The Chicken, les bassistes Bill Laswell et Bootsy Collins avec qui il a joué dans le groupe Praxis, sans oublier le groupe Guns N' Roses dont il a fait partie pendant 4 ans (de 2000 à 2004), période à laquelle il a participé à la création de l'album Chinese Democracy.
Cette collaboration lui apporta plus de visibilité, lui permettant notamment d'étaler ses excentricités à un public plus large ! En témoigne cette vidéo où il n'hésite pas à jouer un solo de country complètement décalé en plein concert de Guns N' Roses :
Autre anecdote amusante : en 1992, Buckethead auditionne pour remplacer John Frusciante au sein du groupe Red Hot Chili Peppers. Ces derniers lui préfèrent finalement Dave Navarro qui enregistrera avec eux l'album One Hot Minute. Auriez-vous imaginé Buckethead chez les Red Hot Chili Peppers ?
Buckethead : une discographie gigantesque mais toujours surprenante
En 2010, il a entamé une nouvelle série d'albums intitulée Buckethead Pikes. Ce projet compte actuellement 264 volumes, soit une moyenne de 37 albums par an — environ un album tous les 15 jours ! Cette productivité hors du commun explique pourquoi Buckethead se fait si rare sur scène et pourquoi ses tournées se limitent aux États-Unis depuis des années.
Sa musique est peut être déroutante à première écoute : ses morceaux ont souvent des structures chaotiques et imprévisibles — les changements brutaux d'ambiance ou de style y sont monnaie courante —, et certains albums sont à la limite de l'esthétique noise. Néanmoins, l'assimilier à un « phénomène de foire » de la guitare serait une grave erreur, car Buckethead sait tout aussi bien écrire des musiques populaires de facture plus classique. Des albums comme Colma, Electric Tears ou Electric Sea démontre d'ailleurs très bien tout le talent mélodique de Buckethead, et ce sont d'excellentes portes d'entrée pour découvrir son univers musical. Libre à vous d'explorer ensuite ses albums les plus expérimentaux.
Sa production artistique est de toute manière si gigantesque qu'il est impossible de ne pas y trouver son bonheur ! Heavy metal, country, electro, ambient, blues, chanson pop, classique ; c'est un touche-à-tout et sa créativité hallucinante le rend complètement inclassable. Notez aussi qu'il a composé de nombreux morceaux pour des bandes originales de films et séries comme Last Action Hero, Mortal Kombat, Ghost Of Mars, Dragon Ball Z: The History of Trunks, Master Of Horrors, Saw 2 ou encore Guitar Hero II.
Buckethead : un guitariste aux techniques de jeu hors normes
Enfin, on ne peut pas parler de Buckethead sans évoquer son incroyable virtuosité. Il possède évidemment une maîtrise absolue de la guitare, et ses deux techniques de prédilection (dont il fait usage sur presque tous ses solos) sont le tapping à deux mains et le hybrid picking — technique de main droite qui combine le jeu aux doigts et au médiator.
Véritable expérimentateur, Buckethead tire de son instrument des timbres démentiels qui évoquent à la fois les bruitages des films de science-fiction des années 50 et les sonorités de vieux ordinateurs ou de jeux vidéo. C'est une source d'inspiration infinie pour tous ceux qui ont le sentiment d'avoir fait le tour de leur instrument !
Pour couronner le tout, il est joue de plusieurs instruments comme la basse ou le banjo avec la même maestria !
Si on devait résumer le personnage en une phrase : écouter Buckethead c'est faire un voyage perpétuel vers l'inconnu !
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